lundi 12 octobre 2009

Il est temps de ne plus voir le handicap comme un tabou, d'arrêter de les cacher... Belgique ouvrez-vos yeux!


L’assistant sexuel: pour un droit à la sensualité


«On trouve normal que des gens prêtent leurs yeux pour lire aux aveugles. Pourquoi, ne prêterais-je pas mes mains pour masturber quelqu’un qui ne peut pas le faire parce qu’il souffre de handicap?» Pour Isabelle* la chose était entendue. Dès que l’association SExualité et Handicaps Pluriels (SEHP) a ouvert la première formation romande en assistance sexuelle, elle s’y est inscrite. «C’était une évidence», confie même cette mère de famille d’une cinquantaine d’années (lire ci-dessous).

Il y a un an, quatre-vingts volontaires ont fait la même démarche qu’Isabelle. «Parmi ces dossiers, nous avons sélectionné 12 personnes. Il y a eu deux retraits en cours de formation», précise Catherine Agthe Diserens, sexo-pédagogue, formatrice pour adultes et présidente du SEHP. Ils sont donc dix, quatre femmes et six hommes, à être arrivés au terme d’une formation qui leur permet de pratiquer l’assistance sexuelle. C’est-à-dire? «Accompagner sensuellement et sexuellement les personnes en situation de handicap qui le désirent expressément», répond simplement Catherine Agthe Diserens.

Un double tabou

Danemark, Pays-Bas et Allemagne ont été pionniers dans la reconnaissance du droit à l’expérience intime pour les personnes handicapées. Le sujet, aussi délicat que fondamental, soulève deux tabous: la sexualité et le handicap. «Il y a vingt ans, on n’osait pas y penser», relève Catherine Agthe Diserens. Son ouvrage Accompagnement érotique et handicaps (2007), signé avec Françoise Vatré, a mis en lumière les manques sensuels et sexuels vécus par les personnes handicapées.

Le SEHP n’a cessé de poursuivre la réflexion et d’engager le dialogue avec les familles, les personnels soignants et l’opinion publique. Un travail qui a porté ses fruits avec, en 2003, la mise en place d’une première formation d’assistance sexuelle en Suisse alémanique, avant la version romande en 2008.

Des gens ordinaires

Les assistants sexuels sont des gens ordinaires. Ils ont plus de 35 ans, exercent une activité professionnelle et la majorité ont une famille ou un compagnon. Ils ont été désignés sur leur sensibilité à la relation à autrui et sur leur aisance à parler et à vivre leur propre sexualité. Ils font preuve d’une personnalité équilibrée, ont la perception de leurs limites et peuvent argumenter solidement leur motivation. «Ils se sont engagés à en parler à leurs proches», précise encore Catherine Agthe Diserens.

L’assistant sexuel répond aux demandes qui sont adressées au SEHP dans un premier temps. «Une femme qui souhaite avoir un contact peau à peau. Un homme qui veut voir une femme nue. Un massage érotique ou une masturbation. Il y a autant de demandes que de situations individuelles.» Les baisers et les pénétrations ne font pas partie de la prestation, facturée 150 francs l’heure.

Quelle différence avec la prostitution? «Même si aujourd’hui son statut y est assimilé, il se démarque sur trois points: les assistants sexuels sont sélectionnés, ils sont formés et supervisés», explique la présidente du SEHP. «Ce sont des différences importantes aux yeux des parents, des tuteurs et du personnel médical, relève Catherine Agthe Diserens. Mais cela reste une activité extraordinaire.»

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